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30 ans bien tassés, Anne-Alexandrine, alias Double A, est atteinte de sclérose en plaque et déjà eu plusieurs vies : après avoir été avocate, elle est devenue humoriste. Rire et faire rire l'aide à combattre sa maladie.
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Comment se passe votre vie professionnelle durant le confinement ? Quelles difficultés rencontrez-vous ? Quelles solutions avez-vous trouvées ?

Étant du milieu artistique, les fermetures de salles de spectacle et les annulations de mes prestations sont un coup d'arrêt très dur. Il n'y a pas de solutions tant que la crise sanitaire ne sera pas contenue. Et même pour après, c'est beaucoup d'incertitudes. À partir de quand pourrais-je reporter mes dates par exemple ? Je n'en sais rien. Pour avaler la pilule j'écris et je fais des vidéos...humoristiques. Rire et sourire c'est ce qui m'aide à avancer donc c'est ce que je veux transmettre en cette période très très compliquée.

L'Agefiph pourrait proposer de financer des mini-formations en e-learning. En temps de confinement, je trouve que c'est bon pour le moral d'apprendre. Je vais vous faire une confidence je me suis surprise à regarder les cours Lumni à la télé. C'est sûrement parce que je n'ai pas encore d'enfants.



Est-ce que les épreuves surmontées par le passé, en lien avec vos problèmes de handicap, de santé, et/ou la survenance de votre handicap, vous servent durant la période actuelle ?


Quand je discute avec mon entourage ce qui semble le plus compliqué durant cette période c'est d'être confiné. Il y a trois/quatre ans, j'ai vécu plusieurs mois sans pouvoir sortir comme je le voulais à cause de mes problèmes de santé. Et depuis, j'ai des moments où je sors peu de chez moi du fait de l'épuisement dû à la sclérose en plaques. J'ai l'impression que ces précédentes expériences m'aident à vivre plus sereinement le confinement et à m'y adapter plus rapidement. En outre, le fait de côtoyer des personnels soignants, souvent, me donne la force de respecter le confinement. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut aider à sauver des vies en restant dans son canapé.


Qu'est-ce que la situation actuelle vous a révélé ? En bien ? En mal ?


Pas de grandes révélations. La situation actuelle m'a confirmé que j'avais une tendance forte à la procrastination, peu importe les circonstances. Je ne sais pas si c'est bien ou mal. En tout cas dans cette période de crise, remettre à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui n'a pas grandes conséquences, non ?


Qu'est-ce qui vous manque ?


Ce qui me manque le plus et vu mon activité, c'est le contact avec le public... D'un point de vue personnel, ce sont les soirées entre amis.

En fait ce qui me manque ce sont les relations humaines. Les moyens de communication ça aide pour maintenir le contact mais ça ne remplacera jamais la joie de partager un café avec un(e) ami(e).

En respectant le mètre de distance bien sûr.

Qu'est-ce que vous pensez conserver par la suite de cette expérience exceptionnelle ?

La solidarité, l'esprit de partage et la bienveillance de toute une partie des êtres humains. Quand je désespérerai du Monde en écoutant les informations, je me rappellerai de ça.